Les Marquises, Tuamotu - Août 1980

L'objectif premier de ce troisième défi était de relier les îles Marquises aux îles Hawaï, soit 4000 km sur la voie des anciens polynésiens. Cette entreprise demandait une très grande préparation et une équipe solide sur qui compter. Après six mois de travail et un premier départ vers Hawaï, Arnaud se rend compte que son bateau d'assistance n'est pas capable de le suivre et qu'il ne peut effectuer cette traversée en solitaire. Retour aux Marquises ! Changement de destination ! Ce sera Tahiti via les atolls des Tuamotu sans assistance, en solitaire.

Tout au long de sa préparation, Arnaud est assisté par Malte Simmers (photo précédente). Plusieurs personnes lui apportent leurs aides dont sur cette photo le grand navigateur Bernard Moitessier. Arnaud apprend de la main d'un maître la manière de calculer sa position au sextant. Bernard Moitessier témoignera de l'excellente préparation d'Arnaud dans l'entreprise de ce raid.
"Contrairement à ce que j'ai entendu des uns et des autres, la tentative d'Arnaud est parfaitement lucide, parfaitement bien préparée sur le plan technique et sur le plan mental".
Bernard Moitessier

Arnaud ne laisse rien au hasard. Il a conçu sa planche à voile de A à Z.

La planche se transforme, en à peine 20 minutes, en un véritable trimaran qui assure à Arnaud une position de repos stable.
Cette planche, de conception révolutionnaire s'avérera être une embarcation de survie très fiable.

La navigation de nuit repose sur l'une des idées les plus innovatrices d'Arnaud. Il sera tracté par un cerf-volant, ou plus précisément un Parafoil. Ce système permet non seulement d'assurer une totale stabilité de la planche en position de repos mais en plus de garder une vitesse et un cap précis pendant ses heures de sommeil.

En position de navigation, les boudins gonflables sont repliés sur la planche. Chaque chose est à sa place. Tout est prêt pour le départ.

Après qu'Arnaud ait décidé de changer de destination et de partir en solitaire vers Tahiti, les autorités ordonnent au bâtiment de la Marine Nationale, La Combattante, d'empêcher le départ du navigateur. Le commandant Rouyer, qui a côtoyé Arnaud de Rosnay, sait qu'il ne renoncera pas.
Le 31 août 1980 vers 23 h, Arnaud prend la mer dans la nuit et fausse compagnie à la surveillance de La Combattante.

Le lendemain de son départ clandestin, Arnaud fait l'inventaire de ses réserves. Problème ! Il n'a pas de lunettes noires pour affronter le soleil du pacifique et sa provision de dattes n'est pas celle prévue. Pour finir, sa combinaison lui provoque de terribles démangeaisons.
Peu à peu, Arnaud trouve son rythme :
"Je commence à m'enfoncer dans un rythme que je pense contrôler. Planche, cerf-volant, sommeil, estime, brise, calmes,alimentation, eau..."
Arnaud de Rosnay

Arnaud est parti pour relier Nuku Hiva à Tahiti en 7 jours. Mais au cinquième jour, il n'a toujours pas atteint les Tuamotu. Pour le monde entier, Arnaud de Rosnay est perdu. La Combattante entreprend les recherches dans la zone où il est présumé être. Les jours passent, Arnaud est considéré comme disparu. Seul Joël de Rosnay, son frère, et quelques amis refusent d'y croire. Selon les calculs de Joël, Arnaud peut tenir plus de 40 jours en positions de survie, il finira bien par toucher terre !

Aux différents problèmes du départ sont venus s'ajouter les multiples attaques des requins. Le sixième jour, Arnaud est extrêmement fatigué et sa réserve d'eau est épuisée. Le 7 et le 8 septembre, il est contraint de fabriquer son eau à l'aide des distillateurs solaires. Mais pendant ce temps, il ne peut plus naviguer sous voile.

"Après douze jours de mer, avoir franchi 500 milles (900 km), été porté disparu, avoir subi cinq attaques de requins, survécu au Pacifique, j'atterris sur l'atoll d'Ahé, ma planche est endommagée, je suis meurtri mais... j'ai vaincu."
Arnaud de Rosnay

